Destins clandestins de François LEGEAIT

Destins clandestins : Les réfugiés après Sangatte

La fermeture du "camp de Sangatte" fin 2002 n'a rien résolu.

Début 2005, le photographe François Legeait est allé à la rencontre des réfugiés et a passé plusieurs semaines avec eux à Calais, de squats insalubres en tentatives de traversée et de distributions de nourriture en contrôles de police.

Il nous fait découvrir des hommes, des femmes et des enfants condamnés à une clandestinité souvent humiliante, mais dont l'espoir et la dignité forcent le respect.

Evitant les schémas politiques réducteurs comme les clichés misérabilistes du genre, son témoignage bouleverse notre regard sur ces "destins clandestins".

Les Editions de Juillet

18 euros

Mon avis 

Ce recueil est une immersion totale dans le monde des clandestins. On y constate la dureté de la vie, la lutte quotidienne de ces exilés qui tentent jour à après jour de faire face au quotidien (se nourrir, se laver, se vêtir, avoir des soins, un lieu où dormir) mais surtout fuir les autorités qui les traquent et les contrôlent  sans relâche ni humanité.

Leur but ultime : rejoindre quelque soient les conditions cet Eldorado tant convoité  : La Grande-Bretagne.

Mais là aussi, ils doivent faire face à la convoitise, à l'exploitation des passeurs sans scrupules qui les parquent tels des animaux dans des camions à l'insu de ces chauffeurs routiers qui, eux,  traversent la Manche en toute légalité. 

Au fil des pages, l'auteur nous fait part de son quotidien avec ces personnages et c'est au travers des lignes que l'on peut ressentir l'attachement et la tendresse qu'il leur témoigne (Idriss, Ali, la jolie Erythéenne, Rachid, Sa petite copine Deborah une très belle enfant et tant d'autres) et dont lui-même ignore le destin.

La fermeture du camp de Sangatte n'a rien résolu. Tout s'est, au contraire, dégradé. Ces réfugiés livrés à eux-mêmes errent dans la ville de Calais sans savoir vers qui se tourner.

Cependant diverses associations, des hébergeants de Calais et alentours (sous le couvert d'anonymat la plupart du temps car strictement interdit par la loi) aident ces exilés avec de maigres moyens mais beaucoup de détermination et d'humanité.

L'auteur a su dans ce plaidoyer contre la violence faite à ces personnes sans défenses que sont ces âmes exilées nous montrer la dure réalité de la vie.

Son observation des conditions de vie de ces exilés est cash, sans grandes phrases ni discours mais une réelle constatation d'un état de faits qui ne devraient plus être de nos jours.

Une écriture simple avec des photos prises sans poses mais dont le rendu reste magnifique malgré ce que l'on sait du destin de ces réfugiés.

 L'auteur

Né en 1964, François LEGEAIT est un photographe professionnel engagé. Il a publié divers ouvrages sur ses rencontres faites à travers le monde. Il vit à Rennes. Depuis quelques années, il fait voyager ses objectifs à travers l'Europe, travaillant de façon approfondie sur des sujets de société en marge de l'actualité.

Se voulant auteur plutôt que journaliste, il revendique une approche indépendante et subjective des thèmes qu'il aborde et livre son regard en noir et blanc, c'est-à-dire en 'valeurs".

(Chroniqué par Sandrine Famechon)

Comments

[François Legeait]

Merci Sandrine pour cette chronique sensée et sensible, d'un livre assez différent de vos lectures habituelles. Mais au fond y a-t-il si loin du "noir" au "noir & blanc", et du roman à une réalité qui parfois (souvent) dépasse la fiction...?